Le pape François dénonce le système financier mondial

Louis Even le lundi, 01 décembre 1997. Crédit Social

Dans l’article précédent, intitulé «Le plus grand voleur, celui qu’on n’arrête pas», Louis Even dénonce le système financier actuel, qui crée l’argent sous forme de dette. M. Even conclut ainsi son article: «Qui peut dire le nombre de ses victimes, les privations qu’il leur a imposées, les soucis qu’il a causés, et pourtant, ce voleur, le plus grand de tous, on ne l’arrête pas ! II a même comme protecteurs et serviteurs les élus du peuple.» Il existe des lois pour arrêter les «petits» voleurs, ceux qui volent des centaines ou des milliers de dollars, mais il n’existe pas de loi pour ceux qui volent la population à coups de milliards de dollars, en s’accaparant le crédit de la nation et le prêtant ensuite sous forme de dette; non seulement on ne les arrête pas, mais ils sont même protégés par la loi, puisque leur système de création de l’argent-dette est légalisé par le gouvernement de la nation!

Dans un discours qu’il adressait le 15 novembre 2019 aux participants au XXe Congrès mondial de l’Association internationale de droit pénal, réunis au Palais apostolique du Vatican, le pape François reprenait la même réflexion que Louis Even, se lamentant du «peu ou le manque d’attention que reçoivent les délits des plus puissants», comparant même le système financier mondial au crime organisé, ajoutant qu’il a «plus de pouvoir que les États eux-mêmes». Voici des extraits de ce discours du Saint-Père:

«Aujourd’hui, certains secteurs de l’économie exercent plus de pouvoir que les Etats eux-mêmes: une réalité qui apparaît encore plus évidente à une époque de mondialisation du capital spéculatif. Le principe de maximisation du profit, isolé de toute autre considération, conduit à un modèle d’exclusion – automatique! – qui s’acharne violemment sur ceux qui souffrent actuellement de ses coûts sociaux et économiques, tandis que les générations futures sont condamnées à en payer les coûts environnementaux.

«La première chose que devraient se demander les juristes aujourd’hui est de savoir ce qu’ils peuvent faire avec leur savoir pour lutter contre ce phénomène, qui met en danger les institutions démocratiques et le développement même de l’humanité…

«L’une des fréquentes omissions du droit pénal, conséquence de la sélectivité des sanctions, est le peu ou le manque d’attention que reçoivent les délits des plus puissants, en particulier la macro-délinquance des corporations. Je n’exagère pas en employant ces mots.

«Le capital financier mondial est à l’origine de graves délits non seulement contre la propriété, mais aussi contre les personnes et l’environnement. Il s’agit de criminalité organisée responsable, entre autres, du surendettement des États et du pillage des ressources naturelles de notre planète.

«Le droit pénal ne peut rester étranger à des conduites où, profitant de situations asymétriques, une position dominante est exploitée au détriment du bien-être collectif… Il s’agit de délits qui ont la gravité de crimes contre l’humanité, lorsqu’ils provoquent la faim, la misère, la migration forcée et la mort à cause de maladies évitables, les catastrophes environnementales et l’ethnocide des peuples autochtones.» — Pape François.

Cette création d’argent sous forme de dette par les banquiers privés, alors que l’argent devrait être créé sans dette par un organisme au service de la société, est la plus grande escroquerie de tous les temps. Puisque la plupart des problèmes actuels dans la société sont dus à un manque d’argent, on peut dire sans se tromper que tant que cette escroquerie perdurera et que les banquiers endetteront gouvernements et individus sur la planète entière, aucun autre problème ne pourra être réglé. Cela nous rappelle les paroles suivantes de William Jennings Bryan, candidat démocrate à la présidence des États-Unis d’Amérique en 1896:

«Nous disons dans notre programme que nous croyons que le droit de frapper et d’émettre la monnaie est une fonction du gouvernement. Nous le croyons. Et ceux qui y sont opposés nous disent que l’émission de papier-monnaie est une fonction de la banque, et que le gouvernement doit se retirer des affaires de la banque. Eh bien! moi je leur dis que l’émission de l’argent est une fonction du gouvernement, et que les banques doivent se retirer des affaires du gouvernement... Lorsque nous aurons rétabli la monnaie de la Constitution, toutes les autres réformes nécessaires seront possibles, mais avant que cela ne soit fait, aucune autre réforme ne peut être accomplie.»

Cela ressemble à ce que le pape François écrivait en 2013 dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium (La joie de l’Évangile), au paragraphe 202: «Tant que ne seront pas résolus radicalement les problèmes des pauvres, en renonçant à l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière, et en attaquant les causes structurelles de la disparité sociale, les problèmes du monde ne seront pas résolus, ni en définitive aucun problème.»

C’est ce que s’efforce de faire Vers Demain, en faisant connaître la merveilleuse solution de la Démocratie économique, qui réglerait une fois pour toutes ce problème d’argent qui fait obstacle à toute autre réforme.

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