«NON à une économie d'exclusion et d'injustice où l'argent règne au lieu de servir»

Discours du Pape François à la 2e Rencontre mondiale des mouvements populaires

Le 9 juillet 2015, lors de son voyage apostolique en Bolivie, le Pape François a précisé sa pensée sur les problèmes économiques actuels, lors d'un discours à Santa Cruz de la Sierra, à la deuxième Rencontre mondiale des Mouvements populaires, en présence du président bolivien Evo Morales. (Une première rencontre avait eu lieu au Vatican du 27 au 29 octobre 2014, dont nous citons des extraits un peu plus loin.) Comme il le fait depuis le début de son pontificat, le Saint-Père s'est servi de paroles très fortes pour dénoncer l'idole argent, qui règne au lieu de servir. Voici de larges extraits de ce discours:

Il y a quelques mois, nous nous sommes réunis à Rome et j’ai présent à l’esprit cette première rencontre. Durant ce temps, je vous ai portés dans mon coeur et dans mes prières. Je me réjouis de vous voir ici, échangeant sur les meilleures façons d’affronter les graves situations d’injustice dont souffrent les exclus dans le monde entier. Merci, Monsieur le Président Evo Morales, d’accompagner si résolument cette rencontre.

La dernière fois, à Rome, j’ai senti quelque chose de très beau : la fraternité, l’entraide, l’engagement, la soif de justice. Aujourd’hui, à Santa Cruz de la Sierra, je ressens de nouveau la même chose. Merci pour cela. J’ai appris aussi à travers le Conseil Pontifical Justice et Paix que préside le Cardinal Turkson qu’ils sont nombreux dans l’Eglise ceux qui se sentent plus proches des mouvements populaires. Cela me réjouit beaucoup ! De voir l’Eglise ouvrant les portes à vous tous, l’Eglise qui s’implique, accompagne et arrive à systématiser dans chaque diocèse, dans chaque Commission de Justice et Paix, une collaboration réelle, permanente et engagée avec les mouvements populaires. Je vous invite tous, Evêques, prêtres et laïcs, ensemble avec les organisations sociales des périphéries urbaines et rurales, à approfondir cette rencontre.

Dieu a permis que nous nous voyions une fois encore. La Bible nous rappelle que Dieu écoute le cri de son peuple et je voudrais moi aussi unir de nouveau ma voix à la vôtre: terre, toit et travail pour tous nos frères et soeurs. Je l’ai dit et je le répète: ce sont des droits sacrés. Cela vaut la peine, cela vaut la peine de lutter pour ces droits. Que le cri des exclus soit entendu en Amérique Latine et par toute la terre.

Commençons par reconnaître que nous avons besoin d’un changement. Je veux clarifier, pour qu’il n’y ait pas de malentendus, que je parle des problèmes communs de tous les latino-américains et, en général, de toute l’humanité. Des problèmes qui ont une racine globale et qu’aujourd’hui aucun Etat ne peut résoudre seul. Cette clarification faite, je propose que nous nous posions ces questions:

– Reconnaissons-nous que les choses ne marchent pas bien dans un monde où il y a tant de paysans sans terre, tant de familles sans toit, tant de travailleurs sans droits, tant de personnes blessées dans leur dignité?

– Reconnaissons-nous que les choses ne vont bien quand éclatent tant de guerres absurdes et que la violence fratricide s’empare même de nos quartiers? Reconnaissons-nous que les choses ne vont pas bien quand le sol, l’eau, l’air et tous les êtres de la création sont sous une permanente menace? Donc, disons-le sans peur : nous avons besoin d’un changement et nous le voulons.

Vous m’avez rapporté – par vos lettres et au cours de nos rencontres – les multiples exclusions et les injustices dont vous souffrez dans chaque activité de travail, dans chaque quartier, dans chaque territoire. Elles sont nombreuses et si diverses comme nombreuses et diverses sont les manières de les affronter. Il y a, toutefois, un fil invisible qui unit chacune de ces exclusions: pouvons- nous le reconnaître? Car, il ne s’agit pas de questions isolées. Je me demande si nous sommes capables de reconnaître que ces réalités destructrices répondent à un système qui est devenu global. Reconnaissons-nous que ce système a imposé la logique du gain à n’importe quel prix sans penser à l’exclusion sociale ou à la destruction de la nature?

S’il en est ainsi, j’insiste, disons-le sans peur : nous voulons un changement, un changement réel, un changement de structures. On ne peut plus supporter ce système, les paysans ne le supportent pas, les travailleurs ne le supportent pas, les communautés ne le supportent pas, les peuples ne le supportent pas... Et la Terre non plus ne le supporte pas, la soeur Mère Terre comme disait saint François.

Nous voulons un changement dans nos vies, dans nos quartiers, dans le terroir, dans notre réalité la plus proche; également un changement qui touche le monde entier parce qu’aujourd’hui l’interdépendance planétaire requiert des réponses globales aux problèmes locaux. La globalisation de l’espérance, qui naît des peuples et s’accroît parmi les pauvres, doit substituer cette globalisation de l’exclusion et de l’indifférence ! Je voudrais aujourd’hui réfléchir avec vous sur le changement que nous voulons et dont nous avons besoin. Vous savez que récemment j’ai écrit sur les problèmes du changement climatique. (L'encyclique Laudato Si, voir l’annexe D en page 220.) ...

C’est un peu avant le milieu du XVIe siècle que le droit civil a rompu avec l’enseignement doctrinal de l’Église, permettant ainsi au monde des affaires de tenir pour normal et régulier l’emploi du prêt à intérêt. Mais le pur enseignement doctrinal de l’Église, condamnant purement et simplement le prêt à intérêt, restait toujours là...

Aujourd’hui, la communauté scientifique accepte ce que depuis longtemps de simples gens dénonçaient déjà: on est en train de causer des dommages peut-être irréversibles à l’écosystème. On est en train de châtier la terre, les peuples et les personnes de façon presque sauvage. Et derrière tant de douleur, tant de mort et de destruction, se sent l’odeur de ce que Basile de Césarée appelait «le fumier du diable»; l’ambition sans retenue de l’argent qui commande. Le service du bien commun est relégué à l’arrièreplan. Quand le capital est érigé en idole et commande toutes les options des êtres humains, quand l’avidité pour l’argent oriente tout le système socio-économique, cela ruine la société, condamne l’homme, le transforme en esclave, détruit la fraternité entre les hommes, oppose les peuples les uns aux autres, et comme nous le voyons, met même en danger notre maison commune....

Nous souffrons d’un certain excès de diagnostic qui nous conduit parfois à un pessimisme charlatanesque ou à nous complaire dans le négatif. En considérant la chronique noire de chaque jour, nous croyons qu’il n’y a rien à faire sauf prendre soin de soimême ainsi que du petit cercle de la famille et de ceux qui nous sont chers.

Que puis-je faire, moi, depuis mon bidonville, depuis ma cabane, de mon village, de ma ferme quand je suis quotidiennement discriminé et marginalisé? Que peut faire cet étudiant, ce jeune, ce 238 Annexe E militant, ce missionnaire qui parcourt les banlieues et les environs, le coeur plein de rêves, mais sans presqu’aucune solution pour mes problèmes? Beaucoup! Ils peuvent faire beaucoup. Vous pouvez faire beaucoup! Vous, les plus humbles, les exploités, les pauvres et les exclus, vous pouvez et faites beaucoup. J'ose vous dire que l'avenir de l'humanité est, dans une grande mesure, dans vos mains, dans votre capacité de vous organiser et de promouvoir des alternatives créatives, dans la recherche quotidienne des 3 T (travail, toit, terre) et aussi, dans votre participation en tant que protagonistes aux grands processus de changement, nationaux, régionaux et mondiaux. Ne vous sous-estimez pas! ...

Je voudrais, enfin, que nous pensions ensemble quelques tâches importantes pour ce moment historique, parce que, nous le savons, nous voulons un changement positif pour le bien de tous nos frères et soeurs. Nous voulons un changement qui s’enrichisse, nous le savons aussi, grâce au travail concerté des gouvernements, des mouvements populaires et des autres forces sociales, et cela aussi nous le savons. Mais il n'est pas si facile de définir le contenu du changement, on pourrait dire, le programme social qui reflète ce projet de fraternité et de justice que nous attendons. Dans ce sens, n'attendez pas de ce Pape une recette. Ni le Pape ni l'Église n’ont le monopole de l'interprétation de la réalité sociale ni le monopole de proposition de solutions aux problèmes contemporains. J'oserais dire qu'il n’existe pas de recette. L’histoire, ce sont les générations successives des peuples en marche à la recherche de leur propre chemin et dans le respect des valeurs que Dieu a mises dans le coeur, qui la construisent.

Je voudrais, cependant, proposer trois grandes tâches qui requièrent l'apport décisif de l'ensemble des mouvements populaires:

La première tâche est de mettre l'économie au service des peuples: les êtres humains et la nature ne doivent pas être au service de l'argent. Disons NON à une économie d'exclusion et d'injustice où l'argent règne au lieu de servir. Cette économie tue. Cette économie exclut. Cette économie détruit la Mère Terre.

L'économie ne devrait pas être un mécanisme d'accumulation mais l'administration adéquate de la maison commune. Cela implique de prendre jalousement soin de la maison et de distribuer convenablement les biens entre tous. Son objet n'est pas uniquement d'assurer la nourriture ou une «convenable subsistance». Ni même, bien que ce serait déjà un grand pas, de garantir l'accès «Non à une économie d’exclusion» 239 aux 3 T pour lesquels vous luttez. Une économie vraiment communautaire, l’on pourrait dire, une économie d'inspiration chrétienne, doit garantir aux peuples dignité, «un accomplissement sans fin». Cette dernière phrase a été dite par le Pape Jean XXIII il y a cinquante ans (dans sa lettre encyclique Mater et Magistra, n. 3). Jésus dit dans l’Evangile que celui qui donne spontanément un verre d’eau à qui a soif, en recevra la récompense dans le Royaume des Cieux. Cela implique les 3 T mais aussi l'accès à l'éducation, à la santé, à l'innovation, aux manifestations artistiques et culturelles, à la communication, au sport et au loisir. Une économie juste doit créer les conditions pour que chaque personne puisse jouir d'une enfance sans privations, développer ses talents durant la jeunesse, travailler de plein droit pendant les années d'activité et accéder à une retraite digne dans les vieux jours. C'est une économie où l'être humain, en harmonie avec la nature, structure tout le système de production et de distribution pour que les capacités et les nécessités de chacun trouvent une place appropriée dans l'être social. Vous, et aussi d'autres peuples, vous résumez ce désir ardent d'une manière simple et belle: «vivre bien». (Qui n’est pas la même chose que bien s’en sortir).

Cette économie est non seulement désirable et nécessaire mais aussi possible. Ce n'est pas une utopie et une imagination. C'est une perspective extrêmement réaliste. Nous pouvons l’atteindre. Les ressources disponibles dans le monde, fruit du travail intergénérationnel des peuples et les dons de la création, sont plus que suffisants pour le développement intégral de ‘‘tout homme et tout l'homme”. (Paul VI, lettre encyclique Populorum Progressio, n. 14.) Le problème est, en revanche, autre. Un système existe avec d'autres objectifs. Un système qui même en accélérant de façon irresponsable les rythmes de la production, même en mettant en oeuvre des méthodes dans l'industrie et dans l'agriculture, méthodes préjudiciables à la Mère Terre au nom de la «productivité », continue de nier à des milliers de millions de frères les droits économiques, sociaux et culturels les plus élémentaires. Ce système porte atteinte au projet de Jésus.

La juste distribution des fruits de la terre et du travail humain n'est pas de la pure philanthropie. C'est un devoir moral. Pour les chrétiens, la charge est encore plus lourde : c'est un commandement. Il s'agit de rendre aux pauvres et aux peuples ce qui leur appartient. La destination universelle des biens n'est pas une figure de style de la doctrine sociale de l'Église. C'est une réalité 240 Annexe E antérieure à la propriété privée. La propriété, surtout quand elle affecte les ressources naturelles, doit toujours être en fonction des nécessités des peuples. Et ces nécessités ne se limitent pas à la consommation. Il ne suffit pas de laisser tomber quelques gouttes quand les pauvres agitent cette coupe qu’ils ne se servent jamais eux-mêmes. Les plans d'assistance qui s'occupent de certaines urgences devraient être pensés seulement comme des réponses passagères. Ils ne pourront jamais substituer la vraie inclusion : celle-là qui donne le travail digne, libre, créatif, participatif et solidaire.

Sur ce chemin, les mouvements populaires ont un rôle essentiel, non seulement en exigeant et en réclamant, mais fondamentalement en créant. Vous êtes des poètes sociaux : des créateurs de travail, des constructeurs de logements, des producteurs de nourriture, surtout pour ceux qui sont marginalisés par le marché mondial.

J'ai connu de près diverses expériences où les travailleurs, unis dans des coopératives et dans d'autres formes d'organisation communautaire, ont réussi à créer un travail là où il y avait seulement des restes de l'économie idolâtre. Les entreprises récupérées, les marchés aux puces et les coopératives de chiffonniers sont des exemples de cette économie populaire qui surgit de l'exclusion et, petit à petit, avec effort et patience, adopte des formes solidaires qui la rendent digne. Que cela est différent de l’exploitation des marginalisés du marché formel comme des esclaves!

Les gouvernements qui assument comme leur la tâche de mettre l'économie au service des peuples doivent promouvoir le raffermissement, l'amélioration, la coordination et l'expansion de ces formes d'économie populaire et de production communautaire. Cela implique d’améliorer les processus de travail, de pourvoir une infrastructure adéquate et de garantir tous les droits aux travailleurs de ce secteur alternatif. Quand l'État et les organisations sociales assument ensemble la mission des 3 T, s'activent les principes de solidarité et de subsidiarité qui permettent d'édifier le bien commun dans une démocratie pleine et participative.

La deuxième tâche est d'unir nos peuples sur le chemin de la paix et de la justice. Les peuples du monde veulent être artisans de leur propre destin. Ils veulent conduire dans la paix leur marche vers la justice. Ils ne veulent pas de tutelles ni d'ingérence où le plus fort subordonne le plus faible. Ils veulent que leur culture, leur langue, leurs processus sociaux et leurs traditions religieuses soient «Non à une économie d’exclusion» 241 respectés. Aucun pouvoir de fait ou constitué n'a le droit de priver les pays pauvres du plein exercice de leur souveraineté et, quand on le fait, nous voyons de nouvelles formes de colonialisme qui affectent sérieusement les possibilités de paix et de justice parce que «La paix se fonde non seulement sur le respect des droits de l'homme, mais aussi sur les droits des peuples particulièrement le droit à l'indépendance» (Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église, n. 157)...

Le nouveau colonialisme adopte des visages différents. Parfois, c'est le pouvoir anonyme de l'idole argent: des corporations, des prêteurs sur gages, quelques traités dénommés «de libre commerce »’ et l'imposition de mesures d’«austérité» qui serrant toujours la ceinture des travailleurs et des pauvres. Les évêques latinoaméricains le dénoncent avec une clarté totale dans le document d'Aparecida quand ils affirment: «Les institutions financières et les entreprises transnationales se fortifient au point de subordonner les économies locales, surtout, en affaiblissant les États, qui apparaissent de plus en plus incapables de conduire des projets de développement au service de leurs populations» (5ème Conférence Générale de l’Episcopat Latino-américain, 2007, Document de Conclusion, Aparecida, n. 66.)...

Le colonialisme, nouveau et ancien, qui réduit les pays pauvres en de simples fournisseurs de matière première et de travail bon marché, engendre violence, misère, migrations forcées et tous les malheurs qui vont de pair… précisément parce que, en ordonnant la périphérie en fonction du centre, le colonialisme refuse à ces pays le droit à un développement intégral. C’est de l’injustice et l’injustice génère la violence qu’aucun recours policier, militaire ni aucun service d'intelligence ne peut arrêter.

Disons NON aux vieilles et nouvelles formes de colonialisme. Disons OUI à la rencontre entre les peuples et les cultures. Bienheureux les artisans de paix.

Pour finir, je voudrais vous dire de nouveau: l'avenir de l'humanité n'est pas uniquement entre les mains des grands dirigeants, des grandes puissances et des élites. Il est fondamentalement dans les mains des peuples; dans leur capacité à s’organiser et aussi dans vos mains qui arrosent avec humilité et conviction ce processus de changement. Je vous accompagne. Disons ensemble de tout coeur : aucune famille sans logement, aucun paysan sans terre, aucun travailleur sans droits, aucun peuple sans souveraineté, aucune personne sans dignité, aucun enfant sans enfance, aucun 242 Annexe E jeune sans des possibilités, aucun vieillard sans une vieillesse vénérable.

Voici maintenant des extraits du discours du Pape François le 28 octobre 2014, lors de la première rencontre mondiale des mouvements populaires, qui s’était tenue au Vatican:

On ne peut affronter le scandale de la pauvreté en promouvant des stratégies de contrôle qui ne font que tranquilliser et transformer les pauvres en des êtres apprivoisés et inoffensifs. Qu’il est triste de voir que, derrière de présumées oeuvres altruistes, on réduit l’autre à la passivité, on le nie ou, pire encore, se cachent des affaires et des ambitions personnelles: Jésus les définirait hypocrites...

Notre rencontre répond à un désir très concret, quelque chose que n’importe quel père, n’importe quelle mère, veut pour ses enfants: un désir qui devrait être à la portée de tous, mais qu’aujourd’hui, nous voyons avec tristesse toujours plus éloigné de la majorité des personnes : terre, logement et travail. C’est étrange, mais si je parle de cela, certains pensent que le Pape est communiste. On ne comprend pas que l’amour pour les pauvres est au centre de l’Évangile. Terre, logement et travail, ce pour quoi vous luttez, sont des droits sacrés. Exiger cela n’est pas du tout étrange, c’est la doctrine sociale de l’Église...

Aujourd’hui une nouvelle dimension s’ajoute au phénomène de l’exploitation et de l’oppression, une nuance imagée et dure de l’injustice sociale; ceux qui ne peuvent pas s’intégrer, les exclus sont des rebuts, des «excédents». C’est la culture du rebut, et sur ce point je voudrais ajouter quelque chose que je n’ai pas écrit ici, mais qui vient de me venir à l’esprit. Cela arrive quand au centre d’un système économique se trouve le Dieu argent et non l’homme, la personne humaine. Oui, au centre de tout système social ou économique doit se trouver la personne, image de Dieu, créée pour être le dénominateur de l’univers. Quand la personne est déplacée et qu’arrive le dieu argent se produit ce renversement des valeurs...

J’ai dit il n’y a pas longtemps, et je le répète, que nous vivons la troisième guerre mondiale, mais fragmentée. Il existe des systèmes économiques qui doivent faire la guerre pour survivre. Alors on fabrique et on vend des armes et ainsi les bilans des économies qui sacrifient l’homme sur l’autel de l’idole de l’argent réussissent évidemment à se rétablir. Et l’on ne pense pas aux enfants affamés dans les camps de réfugiés, on ne pense pas aux séparations forcées, on ne pense pas aux maisons détruites, on ne pense même «Non à une économie d’exclusion» 243 pas aux nombreuses vies détruites. Que de souffrance, que de destruction, que de douleur!...

Un système économique axé sur le dieu argent a aussi besoin de piller la nature pour soutenir le rythme frénétique de consommation qui lui est propre... Frères et soeurs, la création n’est pas une propriété dont nous pouvons disposer selon notre bon vouloir ; et encore moins la propriété de quelques personnes seulement, d’un petit nombre. La création est un don, c’est un cadeau, un don merveilleux que Dieu nous a donné pour que nous en prenions soin et l’utilisions au profit de tous, toujours avec respect et gratitude...

Nous parlons de terre, de travail, de logement. Nous parlons de travail pour la paix et de prendre soin de la nature. Mais alors, pourquoi nous habituons-nous à voir que l’on détruit le travail digne, que l’on expulse tant de familles, que l’on chasse les paysans, que l’on fait la guerre et que l’on abuse de la nature? Parce que dans ce système l’homme, la personne humaine, a été ôtée du centre et a été remplacée par autre chose. Parce qu’on rend un culte idolâtre à l’argent. Parce que l’indifférence s’est mondialisée ! L’indifférence s’est mondialisée: que m’importe ce qui arrive aux autres tant que je défends ce qui m’appartient? Parce que le monde a oublié Dieu, qui est Père; il est devenu orphelin parce qu’il a mis Dieu de côté.

Certains d’entre vous ont dit qu’on ne peut plus supporter ce système. Nous devons le changer, nous devons replacer au centre la dignité humaine et, sur ce pilier, doivent être construites les structures sociales alternatives dont nous avons besoin. Il faut le faire avec courage, mais aussi avec intelligence. Avec ténacité, mais sans fanatisme. Avec passion, mais sans violence. Et tous ensemble, en affrontant les conflits sans y rester piégés, en cherchant toujours à résoudre les tensions pour parvenir à un niveau supérieur d’unité, de paix et de justice. Nous chrétiens, nous avons quelque chose de très beau, une ligne d’action, un programme, pourrions-nous dire, révolutionnaire. Je vous recommande vivement de le lire, de lire les béatitudes qui sont contenues dans le chapitre 5 de saint Matthieu et 6 de saint Luc (cf. Mt 5, 3 et Lc 6, 20), et de lire le passage de Matthieu 25. Je l’ai dit aux jeunes à Rio de Janeiro, dans ces deux passages se trouve le programme d’action.

Trois ouvrages pour comprendre la cause de la crise économique et comment y rémédier

Pour connaître et comprendre la cause de la crise financière, pourquoi l’extrême pauvreté des pays du tiers-monde, quoique la plupart soient extrêmement riches en diverses ressources, pour comprendre pourquoi l’endettement de tous les pays de la planète et l’endettement considérable d’un grand nombre d’individus et d’entreprises, pour connaître pourquoi le système financier actuel est devenu néfaste, enfin pour découvrir la solution à ces problèmes économiques, qui consisterait en un argent social au service du peuple, il vous faut lire ces ouvrages très instructifs qui vous sont proposés:

1. «Du Régime de Dettes à la Prospérité», 110 pages, une traduction par Louis Even du livre «From Debt to Prosperity» de J. Crate Larkin. L’édition originale anglaise comprend 96 pages. Louis Even, notre regretté fondateur, a eu le livre entre ses mains, en 1934 durant la crise économique. Après en avoir pris connaissance, il s’est dit: «C’est une lumière sur mon chemin, il faut que tout le monde connaisse cela». (http://www.versdemain.org/ regime-de-dette.pdf)

2. «Sous le Signe de l’Abondance», par Louis Even, 312 pages. Une conception nouvelle de l’économie, une merveille de simplicité qui fait voir clairement le nonsens de la misère en face de l’abondance. (http://www.versdemain.org/sous-le-signe- de-l-abondance.pdf)

3. «Une lumière sur mon chemin» est un recueil de conférences de Louis Even données à des postes de radio et de télévision dans les années 1960-1972. La dernière partie de ce livre reproduit une brochure de Louis Even intitulée «Une finance saine et efficace». Dans cet écrit, Louis Even explique les propositions de l’ingénieur écossais, C.H. Douglas, l’inventeur du Crédit Social. “Si ces propositions étaient mises en pratique, écrit Louis Even, elles élimineraient tout problème financier là où il n’y a pas de problème physique de production et de distribution. (http:// www.versdemain.org/une-lumieresur- mon-chemin.pdf)

Après avoir lu ces livres vous serez tellement enthousiaste que vous voudrez organiser des cercles d’étude pour informer tout le monde de votre paroisse. Nous vous encourageons fortement à le faire.

Ces livres ne sont pas dans le commerce normal avec un prix déterminé. Vous pouvez offrir un don pour l’impression et l’expédition des livres.

Nous vous donnons une petite idée des frais d’expédition:

International par avion: 2 volumes des 10 leçons, 8 dollars canadiens. Tarifs économiques par avion: boîte de 38 volumes, 50 dollars canadiens. Boîte de 48 volumes, 9 kgs, par avion, 65 dollars canadiens. Pour les Etats-Unis: le tarif est de 1 dollar par volume. Québec: 10 volumes pour 8 dollars et un dollar par 5 volumes additionnels. Canada: 10 volumes pour 13 dollars et un dollar et demi par 5 volumes additionnels.

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