Promouvoir un monde meilleur une société plus chrétienne
La
réforme la plus urgente:
Dans
les années 1934-35, Louis Even était à l'emploi de Garden City Press,
à Sainte-Anne de Bellevue. C’était un homme de grand talent et
surtout un apôtre. Il travaillait d'une manière efficace à la
promotion des ouvriers en leur donnant des cours le soir, après ses
longues journées de travail à la typographie et comme contremaître.
C’est pendant cette période qu’il découvrit le Crédit Social en
lisant la brochure «From Debt to Prosperity». «Une grande lumière
sur mon chemin, dit Louis Even, il faut que tout le monde connaisse
cela.»
Il venait de comprendre comment solutionner la crise économique, cause
de tant de malheurs. Il commença par aller donner des conférences un
peu partout dans la province de Québec par ses soirs et ses fins de
semaine. II traduisait des articles sur le Crédit Social qu'il faisait
paraître dans le journal de Garden City Press, «Le Moniteur». En
1936, il fonda lui-même «Les Cahiers du Crédit Social» qu'il vendait
5 sous l'unité, et qu'il donnait plus souvent qu'il ne les vendait. En
mars 1937, Gilberte Côté joignait les rangs de Louis Even pour
propager elle aussi cette lumineuse doctrine du Crédit Social. En 1938,
Louis Even quitta définitivement son emploi, et par conséquent, son
salaire, en plein temps de crise, pour se lancer à l’apostolat
bénévolement,
quêtant ses couchers et repas.
Th.T.
par
Alain Pilote
Un
monde meilleur
C'est
en septembre 1939 que paraissait le premier numéro de «Vers Demain»,
fondé par Louis Even et Gilberte Côté. Il y a donc 65 ans que les «Bérets
Blancs» parcourent les routes du Canada et du monde entier pour aller
porter à la population le message de «Vers Demain».
Mais
justement, quel est le message de «Vers Demain»? Dans quel but ce
journal a-t-il été fondé, quels étaient les intentions, les
objectifs de ses fondateurs? Ce message, cet objectif, c'est encore
le même
en 2004 qu’au tout début, en 1939: promouvoir le développement d'un
monde meilleur, une société chrétienne, par la diffusion et
l'application de l'enseignement de l'Eglise catholique romaine — et
cela dans tous les domaines de la vie en société. La poursuite d'un
monde meilleur: c'est précisément pour cette raison que les
fondateurs
du journal l'appelèrent «Vers Demain»; ils voulaient travailler à
bâtir
un demain meilleur qu'aujourd'hui.
Louis
Even était lui-même un grand catholique, et il était convaincu qu'un
monde meilleur ne pourrait être bâti autrement que sur les principes
éternels de l'Evangile du Christ et sur les enseignements de Son Eglise
— l'Eglise catholique romaine — avec en tête son chef visible sur
la terre, le Souverain Pontife, qui est aujourd'hui Jean-Paul II.
Les
objectifs de «Vers Demain» sont d’ailleurs clairement affichés en
première page à chaque numéro, tout juste en bas du titre. On y lit,
à gauche: «Journal de patriotes catholiques, pour le règne des
Coeurs de Jésus et de Marie, dans les âmes, les familles et les
pays.»
Et à droite: «Pour la réforme économique du Crédit Social, en
acccord avec la doctrine sociale de l'Egiise, par l'action vigilante des
pères de famille, et non par les partis politiques» (ce qui
signifie, entre autres, que le «Crédit Social» dont il est question
ici n’est pas un parti politique, mais une réforme économique qui
pourrait être appliquée par n’importe quel parti au pouvoir).
«Vers
Demain» est donc un journal de patriotes catholiques, où il est
aussi
question de réforme économique, de «Crédit Social». Pourquoi?
«Qu'est-ce
que cela a affaire avec la religion?», diront certains. Le système
dit
du «Crédit social» n'est rien d'autre qu'une méthode, un moyen de
mettre en application la doctrine sociale de l'Eglise, qui fait
partie
intégrante de l'enseignement de l'Eglise. En cela, «Vers Demain» ne
s'éloigne donc pas de son but premier, qui est de «promouvoir le
développement
d'une société plus chrétienne par la diffusion de l'enseignement de
l’Egilse catholique romaine.»
Si
l'Eglise intervient dans les questions sociales, et a développé un
ensemble de principes connus sous le nom de «doctrine sociale de
l'Eglise», c'est essentiellement parce que, comme le disait le Pape
Benoît XV, «c'est sur le terrain économique que le salut des âmes
est en danger». Son successeur immédiat, le Pape Pie XI, écrivait
aussi: «Il est exact de dire que telles sont, actuellement, les conditions de la vie économique et sociale qu'un nombre très considérable d'hommes y trouvent les plus grandes difficultés pour opérer l'oeuvre, seule nécessaire, de leur salut.» (Encyclique Quadragesimo Anno, 15 mai 1931). Pie XII s'exprimait aussi de manière semblable: «Comment pourrait-il être permis à l'Eglise, Mère si aimante et soucieuse du bien de ses fils, de rester indifférente à la vue de leurs dangers, de se taire ou de feindre de ne pas voir et de ne pas comprendre des conditions sociales qui, volontairement ou non, rendent ardue et pratiquement impossible une conduite chrétienne conforme aux commandements du souverain législateur?» (Radio-message du 1er juin 1941). Et ainsi parlent tous les Papes, y compris Jean-Paul II aujourd'hui. L'argent est le droit de vivre
Que les âmes se perdent à cause des conditions économiques, cela est
très facile à comprendre: un minimum de biens matériels est nécessaire
à l'homme pour accomplir son court pèlerinage sur la terre, car si
Dieu a créé l'homme avec une âme immortelle, II l'a aussi créé avec
des besoins matériels: se nourrir, se vêtir, se loger. Mais pour
pouvoir se procurer nourriture, vêtements et logement, l'homme doit
avoir de l'argent pour les payer. Sinon, les produits pourriront sur les
tablettes, et la personne sans le sou crèvera de faim.
En
d'autres mots, l'argent est le droit de vivre pour l'individu: sans
argent, c'est la mort à brève échéance. Ceux qui ont le pouvoir de
créer l'argent — les banquiers — contrôlent donc littéralement
nos vies, comme le mentionnait avec raison le Pape Pie XI dans son
encyclique Quadragesimo Anno en 1931:
«Ce
pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres
absolus de l'argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur
bon plaisir. Par là, ils distribuent le sang à l'organisme économique,
dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur
consentement, nul ne peut plus respirer.»
Quelques
lignes plus loin, le Pape ajoutait que les
«gouvernements sont tombés
au rang d'esclaves»
et
sont
«devenus
les dociles instruments»
des
puissances de l'argent.
Ce
contrôle de l’argent par des intérêts privés est la plus grande
escroquerie de tous les temps, et a entraîné des conséquences
funestes incalculables: crises économiques, guerres, etc. On ne pourra
jamais imaginer tout le mal que le mauvais système financier actuel et
le manque chronique d'argent a fait et fait encore aux âmes. Ne voici
que quelques exemples, qu'on pourrait multiplier à l'infini:
Les
journaux ont rapporté récemment que dans une grande ville comme
Montréal,
un enfant sur trois se présente à l'école sans avoir déjeuné. A
l'échelle
du globe, ce sont plus d'un milliard sept cent millions d'êtres humains
qui fouillent dans les poubelles pour trouver quelque chose à manger et
se maintenir en vie. Plus de 100 millions d'enfants dans le monde vivent
dans les rues, sans foyer, abandonnés par leurs parents qui ne peuvent
plus les faire vivre (au Brésil seulement, ils sont plus de 7 millions
d'enfants dans cette situation. En 3 ans, 4 600 de ces enfants vivant
dans les rues au Brésil ont été tués par des policiers engagés par
les marchands, qui disent que ces enfants importunent les passants sur
les trottoirs, ce qui nuit à leur commerce). Chaque jour sur la planète,
plus de 40 000 enfants meurent de faim ou de différentes maladies qui
ne furent pas soignées, faute d'argent.
Et
ce ne sont pas seulement les individus qui ont des problèmes d'argent,
mais aussi les gouvernements: des routes devraient être réparées, des
hôpitaux agrandis; les matériaux et travailleurs pour le faire sont là,
mais rien ne se fait, puisque que le gouvernement se lamente: «On n'a
pas d'argent!» Une grande ville comme New-York est pratiquement en
banqueroute, et doit couper dans les services offerts aux plus démunis.
De plus, tous les pays du monde, tant les pays industrialisés que les
pays du Tiers-Monde, sont aux prises avec des dettes impayables, une
grande partie d'entre eux ne pouvant même plus payer les intérêts sur
leur dette.
Corriger
le système financier
L'Eglise
ne peut rester indifférente à des situations telles que la faim dans
le monde et l'endettement, qui mettent en péril le salut des âmes, et
c'est pourquoi elle demande une réforme des systèmes financiers et
économiques,
l'établissement d'un système économique au service de l'homme. Les
demandes en ce sens du Pape Jean-Paul II abondent. Déjà, dans sa première
Encyclique (Redemptor Hominis, 4 mars 1979), le Pape parlait
«d’indispensables
transformations des structures économiques... de la misère en face de
l’abondance qui met en cause les structures et mécanismes
financiers... l'homme ne peut devenir esclave des systèmes
économiques...».
Et nous n'ajouterons ici que cette autre citation:
«Je
tiens encore à aborder une question délicate et douloureuse. Je veux
parler du tourment des responsables de plusieurs pays, qui ne savent
plus comment faire face à l'angoissant problème de l'endettement...
Une réforme structurelle du système financier mondial est sans nul
doute une des initiatives les plus urgentes et nécessaires.»
(M
essage
du Pape à la 6e Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le
Développement,
Genève, 26 septembre 1985.)
L'Eglise
présente donc les principes moraux sur lesquels doit être jugé tout
système économique et financier. Et afin que ces principes soient
appliqués de manière concrète, l'Eglise fait appel aux fidèles laïcs
— dont le rôle propre, selon le Concile Vatican Il, est justement de
renouveler l'ordre temporel et de l'ordonner selon le plan de Dieu —
pour travailler à la recherche de solutions concrètes et l'établissement
d'un système économique conforme à l'enseignement de l'Evangile et
aux principes de la doctrine sociale de l'Eglise.
Le
Crédit Social
C'est
pour cette raison que Louis Even décida de propager la doctrine du Crédit
Social — un ensemble de principes et de propositions financières énoncés
pour la première fois par l'ingénieur écossais Clifford Hugh Douglas,
en 1918 (les mots «Crédit Social» signifient «argent social» — un
argent émis par la société, en opposition à l'argent actuel qui est
un «crédit bancaire» — un argent émis par les banques). Louis Even s'adressant à la foule durant notre congrès à Québec en 1955
Lorsque
Louis Even découvrit la grande lumière du Crédit Social en 1935, il
comprit immédiatement jusqu'à quel point cette solution appliquerait
à merveille l'enseignement de l'Eglise sur la justice sociale —
surtout en ce qui concerne le droit de tous aux biens matériels, la
distribution du pain quotidien à tous, par l'attribution d'un dividende
social à chaque être humain. C'est pourquoi, dès qu'il connut cette
lumière, Louis Even se fit un devoir de la faire connaître à tous.
Le
devoir de tout chrétien
Jean-Paul
II disait aux ouvriers de Sao Paulo, Brésil, le 3 juillet 1980:
«Une
condition essentielle est de donner à l'économie une signification et
une logique humaines. Il est nécessaire de libérer les différents
champs de l'existence de la dictature d'un économisme asservissant. Il
est nécessaire de remettre à leur place les exigences de l'économie
et de créer un tissu social multiforme qui empêche la réduction des
hommes à une masse. II n'est personne qui soit dispensé de collaborer
à cette tâche... Chrétiens, assumez, où que vous soyez, votre part
de responsabilité dans cet immense effort de réorganisation humaine de
la cité. La foi vous en fait un devoir.»
C'est
un devoir et une obligation pour tout chrétien de travailler à
l'établissement
de la justice et d'un meilleur système économique, et le Pape dit bien
que «personne n'est dispensé de collaborer à cette tâche». Et cela,
même si cette tâche s'avère difficile, écrit Jean-Paul II (il ne
peut en être autrement, car en attaquant le monopole des contrôleurs
de l'argent et du crédit, on attaque la plus grande puissance de ce
monde). Malgré les incompréhensions, les contradictions et et les
oppositions de toutes sortes, il ne saurait y avoir de place pour le
découragement,
puisque cette tâche est «urgente et nécessaire», comme il a été
dit précédemment:
«Celui
qui voudrait renoncer à la tâche, difficile, mais exaltante,
d'améliorer
le sort de tout l'homme et de tous les hommes, sous prétexte du
poids
trop lourd de la lutte et de l'effort incessant pour se dépasser, ou
même
parce qu'on a expérimenté l'échec et le retour au point de départ,
celui-là ne répondrait pas à la volonté de Dieu créateur.»
(Jean-Paul II, Encyclique Sollicitudo Rei Socialis, n.
30.)
L'amour
du prochain
La
raison la plus fondamentale pour laquelle chaque chrétien se doit de
travailler pour l'établissement d'un meilleur système économique,
c'est qu'on sera jugé justement sur ce qu'on aura fait pour nos frères
et soeurs dans le besoin, Jésus Lui-même s'étant identifié à ceux
qui souffrent: «Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus
petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait» (Mt 25,
40). La foi chrétienne nous enseigne à voir le Christ dans chacun de
nos frères, et d'aimer notre prochain comme on aime le Christ.
Une procession du chapelet sur nos terrains durant nos assemblées du mois à Rougemont
Bien
sûr, il y a bien des manières de venir en aide à nos frères dans le
besoin: donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux
qui ont soif, loger les sans-abri, visiter les malades et les
prisonniers, etc. Certains enverront des dons à des organismes de
charité, que ce soit pour aider des pauvres d'ici ou du Tiers-Monde.
Mais si ces dons peuvent soulager quelques pauvres pendant quelques
jours ou quelques semaines, cela ne supprime pas pour autant les causes
de la pauvreté.
Ce
qui est infiniment mieux, c'est de corriger le problème à sa source,
de s'attaquer aux causes mêmes de la pauvreté, et de rétablir chaque
être humain dans ses droits et sa dignité de personne créée à
l'image de Dieu, ayant droit à un minimum de biens terrestres. Et
rendre à chacun ce qui lui est dû, c'est justement ce en quoi consiste
la justice:
«Plus
que quiconque, celui qui est animé d'une vraie charité est ingénieux
à découvrir les causes de la misère, à trouver les moyens de la
combattre, à la vaincre résolument. Faiseur de paix, il poursuivra
son
chemin, allumant la joie et versant la lumière et la grâce au coeur
des hommes sur toute la surface de la terre, leur faisant découvrir,
par-delà toutes les frontières, des visages de frères, des visages
d'amis.»
(Paul VI, Encyclique Populorum Progressio sur le développement
des peuples, n. 79)
Louis
Even avait découvert la cause de la misère du peuple — la création
et le contrôle de l'argent par les banques privées et aussi le moyen
de combattre cette escroquerie: l'éducation du peuple.
Les
financiers, craignant justement que l'application des idées de Douglas
ne mette fin à leur monopole du contrôle de l'argent et du crédit,
ont tout fait pour réduire la voix de Douglas et de Louis Even au
silence, soit en s'assurant qu'aucun média ne parle du Crédit Social,
ou que si les médias en parlent, que ce soit en le déformant pour le
tourner en ridicule. Les financiers réussirent à en tromper plusieurs
en allant même jusqu'à créer un «parti du Crédit Social», pour
faire faussement croire à la population que le seul moyen d'obtenir
l'application des principes du Crédit Social était de voter pour un
parti portant ce nom, alors qu'en réalité cela ne servait qu'à fermer
l'esprit des gens à cette idée.
Pour
s'assurer que le message authentique du Crédit Social puisse atteindre
la population, et surtout parce que son coeur était rempli d'une grande
charité envers son prochain, Louis Even alla jusqu'à quitter son
emploi en plein milieu de la crise économique, en 1935, pour fonder son
propre journal, «Vers Demain», et donner tout son temps et tout son être
à la cause de la justice, se faisant littéralement «pèlerin» sur
les routes du pays pour faire connaître à ses frères et soeurs la
grande lumière du «crédit social», son exemple et son dévouement
entraînant d'autres apôtres à sa suite.
Louis
Even n'était pas seulement un génie, mais aussi un apôtre
incomparable, et c'est pour cela que le mouvement qu'il a fondé a su
passer à travers toutes les persécutions imaginables, le don de soi
étant
plus fort que tous les millions des banquiers. «Il n'y a pas de plus
grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime», est-il écrit
dans l’Evangile, et c'est réellement ce que Louis Even a mis en
pratique: il n'a pas seulement prêché la charité et la justice, mais
il a aussi vécu ce qu'il a prêché.
Les
Papes ont dit que le changement des structures économiques ne
s'obtiendra que par l'éducation et l'apostolat, par le don de soi et
les sacrifices consentis par amour pour le prochain, et c'est exactement
la formule que Louis Even a mise de l'avant avec son Oeuvre des «Pèlerins
de saint Michel»: «Ces attitudes et ces ‘structures de péché’ ne peuvent être vaincues — bien entendu avec l'aide de la grâce divine — que par une attitude diamétralement opposée: se dépenser pour le bien du prochain.» (Jean-Paul II, Encyclique Sollicitudo Rei Socialis, n. 38.)
Pas
de justice sans Dieu
Jean-Paul
II parle aussi de la nécessité de la grâce divine dans ce combat pour
la justice, et c'est ce que Louis Even a compris depuis le tout début:
pas de justice possible sans Dieu. D'ailleurs, le crédit social est
plus qu'une simple réforme monétaire: c'est un système basé sur
l'ordre voulu par Dieu pour la société. Douglas a déjà dit que le «crédit
social», c'est la confiance qu'on puisse vivre en société, que la
société puisse nous fournir les biens et les services. Autrement dit,
c'est la confiance qu'on ne se fera pas tirer sur la rue, qu'on ne se
fera pas voler par son voisin, etc.: si les Dix Commandements de Dieu ne
sont pas respectés, pas d'ordre ni de vie possibles dans la société.
Mais
l'aide divine est surtout nécessaire quand on sait que le but réel des
financiers, c'est l'établissement d'un gouvernement mondial qui
comprend la destruction du christianisme et de la famille, et que les
promoteurs de ce «nouvel ordre mondial» sont en fait menés par Satan
lui-même, dont le seul objectif est la perte des âmes. Déjà C.H.
Douglas écrivait ce qui suit en 1946, dans la revue The Social
Crediter de Liverpool:
«Nous
sommes engagés dans une bataille pour le christianisme. Et il est
surprenant de voir de combien de façons cela est vrai en pratique. Une
de ces façons passe presque inaperçue, sauf dans ses dérivations —
l'emphase placée par l'Eglise catholique romaine sur la famille, et
l'effort implacable et constant des communistes et des socialistes —
qui, avec les Financiers internationaux, forment le véritable corps de
l'Antichrist — pour détruire l'idée même de la famille et lui
substituer l'Etat.»
Et
Louis Even écrivait sur le même sujet, en 1973:
«Patriotes,
les Pèlerins de saint Michel, oui, et ils désirent aussi ardemment que
quiconque un régime d'ordre et de justice, de paix, de pain et de joie
pour toutes les familles de leur pays. Mais, catholiques aussi, ils
savent très bien que l'ordre, le paix et la joie sont incompatibles
avec le rejet de Dieu, la violation de ses commandements, le reniement
de la foi, la paganisation de la vie, le scandale d'enfants dans des
écoles
où les parents sont par loi contraints de les envoyer.
«Les
Pèlerins de saint Michel, comptant sur l'aide des puissances célestes,
ont juré de mettre en oeuvre toutes les forces physiques et morales,
tous les instruments de propagande et d'éducation dont ils disposent,
pour remplacer le royaume de Satan par le royaume de l'immaculée et de
Jésus-Christ.
«Dans
un engagement contre la dictature financière, on n'a pas seulement
affaire à des puissances terrestres. Tout comme la dictature communiste,
tout comme la puissante organisation de la franc-maçonnerie, la
dictature financière est sous les ordres de Satan. Les simples armes
humaines n'en viendront pas à bout. Il y faut les armes choisies et
recommandées par Celle qui vainc toutes les hérésies, par Celle qui
doit écraser définitivement la tête de Satan, par Celle qui a déclaré
Elle-même à Fatima que son Coeur Immaculé triomphera finalement. Et
ces armes, ce sont la consécration à son Coeur Immaculé marquée par
le port de son Scapulaire, le Rosaire et la pénitence.
«Les
Pèlerins de saint Michel sont persuadés qu'en embrassant le programme
de Marie, chaque acte qu'ils posent, chaque Ave qu'ils adressent à la
Reine du monde, chaque sacrifice qu'ils offrent, contribuent non
seulement à leur sanctification personnelle, mais aussi à l'avènement
d'un ordre social plus sain, plus humain, plus chrétien, comme le Crédit
Social. Dans un tel programme reçu de Marie, tout compte et rien n'est
perdu.»
Photos
de la procession de la Fête-Dieu sur nos terrains à Rougemont le 22
juin
2003
La
Croisade du Rosaire
C'est
là qu'on voit toute l'importance et la grandeur de la «Croisade du
Rosaire» instituée par Louis Even, qui consiste à visiter les
familles pour dire une dizaine de chapelet avec elles, et ensuite leur
présenter le journal «Vers Demain». Louis Even, étant lui-même
consacré à Marie depuis l'âge de 17 ans, a compris toute l'importance
de la dévotion à la Très Sainte Vierge pour les temps actuels.
La
Croisade du Rosaire de porte en porte est une école incomparable qui
forme des apôtres qui apprennent à se donner par amour pour leur
prochain. C'est par notre exemple que les gens voient que notre message
est quelque chose de vrai. En plus de porter aux gens la belle lumière
du Crédit Social, nous solidifions les gens dans leur foi catholique,
ce qui est plus qu'urgent en face de toutes les sectes qui circulent et
font des ravages. De plus, la Très Sainte Vierge avait dit aussi à
Fatima que «plusieurs âmes se perdent parce qu'il n'y a personne pour
se sacrifier pour elles»: la Croisade du Rosaire est un excellent moyen
de faire pénitence et de se sacrifier pour le salut des âmes.
Aimer
Dieu et le prochain
On
voit maintenant combien ont tort les personnes qui disent: «Ah! Moi, je
ne m'occupe pas d'économique, de travailler pour la justice sociale et
de changer le système financier, ce sont des choses matérielles; je
m'occupe seulement du spirituel, de la réforme des moeurs, je prie le
petit Jésus, et cela est bien suffisant.»
Prier
est certainement nécessaire, mais s'il y a le grand commandement de
l'amour de Dieu, il y a aussi celui de l'amour du prochain; l'un ne va
pas sans l'autre, on ne doit pas opposer l'un à l'autre — d'autant
plus que dans notre frère qui souffre, c'est Jésus Lui-même qui
souffre. A quoi servirait-il d'honorer Dieu dans l'église, si on le
laisse crever de faim à l'extérieur dans la personne de notre frère
qui est dans le besoin?
De
plus, ceux qui prétendent ne pas s'occuper des choses matérielles
doivent quand même se nourrir, se vêtir et se loger, car en vérité,
l'homme a un corps et une âme, il a des besoins matériels et
spirituels. Il faut donc s'occuper des deux domaines: la réforme des
coeurs et celle des institutions. Pourquoi opposer l'un à l'autre,
qu'est-ce qui empêche de s'occuper des deux en même temps? «Vers
Demain» ne néglige ni l'un ni l'autre, puisqu'il prêche un développement
intégral de la personne humaine, tant dans ses besoins spirituels que
matériels.
Pour
un trop grand nombre de chrétiens, la religion se limite à ce qui se
passe entre les quatre murs de l'église, et n'a rien à voir avec ce
qui se passe à l'extérieur, ne devant aucunement influencer la vie en
société. Un tel raisonnement peut bien faire l'affaire des exploiteurs,
des tyrans, des ennemis de Dieu et de la justice, mais raisonner ainsi,
c'est aussi faire injure à Dieu et à la vérité, le Concile Vatican
II qualifiant d'ailleurs cette «séparation de la foi et de la culture»
d'une des «plus graves erreurs de notre temps».
Être
catholique partout
Jean-Paul
II dit «qu'il n'y a pas de religion authentique sans recherche de
justice» (homélie à Genève, 15 juin 1982). Une religion qui, sous prétexte
que le vrai bonheur n'est vraiment qu'au Ciel, dit de ne pas s'occuper
de justice, et qui laisse faire les bandits, les escrocs, qui laisse
crever le monde de faim en face de l'abondance, c'est une religion qui
ne veut rien dire, c'est une religion qui n'est pas catholique. «Vers
Demain» veut former des catholiques vrais, des personnes qui pensent et
agissent en catholiques partout, dans tous les domaines de la société,
et pas seulement à l'église.
Car
en réalité, aucun secteur de la vie en société ne doit être fermé
à l'enseignement du Christ: tous les systèmes existants doivent être
soumis aux règles morales, et mis au service de la personne humaine, y
compris les systèmes économiques et financiers. Jean-Paul II déclarait
par exemple à Fluëli, Suisse, le 14 juin 1984:
«En
tant que société démocratique, veillez attentivement à tout ce qui
se passe dans ce puissant monde de l'argent! Le monde de la finance est
aussi un monde humain, notre monde, soumis à la conscience de nous tous;
pour lui aussi il y a des principes éthiques. Veillez donc surtout à
ce que vous apportiez une contribution au service de la paix du monde
avec votre économie et vos banques et non une contribution — peut-être
indirecte — à la guerre et à l'injustice!»
En
résumé, le combat de Vers Demain est le combat pour le salut des âmes,
il ne fait que répéter ce que le Pape et l'Eglise demandent: une
nouvelle évangélisation — rappeler les principes chrétiens de base
à des chrétiens qui les ont malheureusement oubliés ou qui ont cessé
de les mettre en pratique — et une restructuration des systèmes économiques.
Etre un Pèlerin de saint Michel dans l'Oeuvre de «Vers Demain» est
donc la vocation la plus urgente et la plus nécessaire de l'heure. Qui,
parmi nos lecteurs, auront la grâce de répondre à cet appel, à cette
vocation? Qu'elle est donc grande et importante, l'Oeuvre de Louis Even!
Alain Pilote Cet article a été publié pour la première fois dans le numéro d'octobre-novembre 1991 du Journal Vers Demain. Si vous voulez vous abonnez pour recevoir ce journal régulièrement, cliquez ici. De retour à Qui sommes-nous De retour à la liste d'articles De retour à la page d'accueil de Vers Demain |