Le Pape François aux Journées mondiales de la Jeunesse à Rio

Pape François le mardi, 01 octobre 2013. Religion/Enseignement des papes/François

«Allez! De toutes les nations faites des disciples»

Pour son premier voyage officiel en dehors de l’Italie, le Pape François s’est rendu au Brésil du 22 au 28 juillet 2013, pour les 28e Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ), à Rio de Janeiro, et ce fut un immense succès, avec une foule de plus de 3 millions de pèlerins venus de 178 pays pour la messe de clôture du dimanche 28 juillet, sur le plage de Copacabana. (Seules les JMJ de Manille aux Philippines en 1995 ont connu une foule plus nombreuse: 4 millions.)
Messe de clôture le dimanche 28 juillet: la foule s’étend sur plus de 4 kilomètres le long de la plage.

C’est Jean-Paul II qui a eu l’inspiration de ces Journées (deux semaines maintenant) consacrées aux jeunes, qui leur permet de voir qu’ils ne sont pas seuls à croire à Jésus, que même s’ils peuvent être parfois peu nombreux localement, ils sont des millions à travers le monde entier.

Le thème des JMJ pour cette année était: «Allez ! De toutes les nations faites des disciples.» (cf. Mt 28, 19.) C’est Benoît XVI qui avait choisi ce thème, et aussi la ville de Rio pour tenir ces JMJ, mais la Providence a voulu que ce soit le Pape François qui s’y rende. Le même clin d’oeil de la Providence avait eu lieu pour le premier voyage de Benoît XVI: c’est Jean-Paul II qui avanit annoncé que les JMJ de 2005 se tiendraient à Cologne en Allemagne, mais c’est Benoît XVI, un Allemand, qui s’y rendit.

Voici de larges extraits des différents discours du Saint-Père François aux JMJ de Rio, qui ont électrisé les jeunes du monde entier:

Cérémonie de bienvenue, 22 juillet

Le pape lors de la cérémonie de bienvenue

J’ai appris que pour avoir accès au peuple brésilien, il fallait entrer par la porte de son coeur immense; qu’il me soit donc permis aujourd’hui de frapper délicatement à cette porte. Je demande la permission d’entrer et de passer cette semaine avec vous. Je n’ai ni or ni argent, mais je vous apporte ce qui m’a été donné de plus précieux: Jésus Christ! Je viens en son Nom pour alimenter la flamme d’amour fraternel qui brûle dans chaque coeur; et je désire que mon salut vous rejoigne tous et chacun: La paix du Christ soit avec vous ! ...

La jeunesse est la fenêtre à travers laquelle l’avenir entre dans le monde, et elle nous propose donc de grands défis. Notre génération se révèlera à la hauteur de la promesse qui est en chaque jeune quand elle saura lui offrir un espace et lui assurer les conditions matérielles et spirituelles nécessaires à son épanouissement; quand elle saura lui donner de solides fondements sur lesquels il puisse construire sa vie et lui garantir la sécurité et l’éducation afin qu’il devienne ce qu’il peut être; quand elle saura lui transmettre des valeurs enracinées pour lesquelles il vaille la peine de vivre et lui assurer un horizon transcendant pour apaiser sa soif de bonheur authentique et sa créativité dans le bien; et quand elle saura lui confier en héritage un monde qui corresponde à la mesure de la vie humaine et réveiller en lui les meilleures potentialités pour être protagoniste de son lendemain et coresponsable du destin de tous.

Messe au sanctuaire de Notre-Dame d’Aparecida, 24 juillet

Quand elle cherche le Christ, l’Église frappe toujours à la porte de la maison de sa Mère et demande: «Montre-nous Jésus». C’est d’elle que nous apprenons à être de vrais disciples. C’est pourquoi l’Église va en mission en marchant toujours dans le sillon de Marie.

Aujourd’hui, le regard tourné vers les Journées mondiales de la Jeunesse qui m’ont conduit au Brésil, je viens moi aussi frapper à la porte de la maison de Marie – qui a aimé et éduqué Jésus – afin qu’elle nous aide tous, pasteurs du Peuple de Dieu, parents et éducateurs, à transmettre à nos jeunes les valeurs qui les rendront artisans d’une Nation et d’un monde plus justes, plus solidaires et plus fraternels

Visite à la favela de Varginha, 25 juillet

Je voudrais faire appel à celui qui possède plus de ressources, aux autorités publiques et à tous les hommes de bonne volonté engagés pour la justice sociale: ne vous lassez pas de travailler pour un monde plus juste et plus solidaire ! Personne ne peut rester insensible aux inégalités qu’il y a encore dans le monde ! Que chacun, selon ses possibilités et ses responsabilités, sache offrir sa contribution pour mettre fin à beaucoup d’injustices sociales. Ce n’est pas, ce n’est pas la culture de l’égoïsme, de l’individualisme qui souvent régule notre société, celle qui construit et mène vers un monde plus habitable; ce n’est pas celle-là, mais la culture de la solidarité; la culture de la solidarité c’est voir dans l’autre non un concurrent ou un numéro, mais un frère. Et nous sommes tous frères! ...

La mesure de la grandeur d’une société est donnée par la façon dont elle traite celui qui est le plus nécessiteux, qui n’a rien d’autre que sa pauvreté ! Rencontre avec les jeunes argentins à la cathédrale de Rio, 25 juillet

Je pense qu’aujourd’hui, notre civilisation mondiale a dépassé les bornes… elle a dépassé les bornes! Parce qu’il est là le culte rendu au dieu argent, que nous sommes en présence d’une philosophie et d’une praxis d’exclusion des deux pôles de la vie qui sont... les personnes âgées et les jeunes.

La foi en Jésus n’est pas une plaisanterie, c’est une chose très sérieuse. C’est un scandale que Dieu soit venu se faire l’un de nous. C’est un scandale qu’il soit mort sur une croix. C’est un scandale: le scandale de la Croix. La Croix continue à faire scandale. Mais c’est l’unique chemin sûr: celui de la Croix, celui de Jésus, celui de l’Incarnation de Jésus.

S’il vous plaît, ne diluez pas la foi en Jésus-Christ ! Il y a du jus d’orange dilué, du jus de pomme dilué, du jus de banane dilué, mais s’il vous plaît ne prenez pas du jus de foi dilué ! La foi est entière, elle ne se dilue pas ! C’est la foi en Jésus. C’est la foi dans le Fils de Dieu fait homme, qui m’a aimé et qui est mort pour moi.

Que devons-nous faire, Père? Regarde, lis les Béatitudes qui te feront du bien. Si tu veux savoir ce que tu dois faire concrètement, lis Matthieu chapitre 25, qui est le registre par lequel nous serons jugés. Avec ces deux choses vous avez le Plan d’action: les Béatitudes et Matthieu 25. Vous n’avez pas besoin de lire autre chose.

Chemin de croix avec les jeunes, 26 juillet

Le premier nom donné au Brésil a été justement celui de «Terre de la Sainte Croix». La Croix du Christ a été plantée non seulement sur la plage, il y a plus de cinq siècles, mais aussi dans l’histoire, dans le coeur et dans la vie du peuple brésilien et en de nombreux autres peuples. Nous sentons le Christ souffrant proche de nous, un de nous qui partage à fond notre marche. Il n’y a pas de croix, aussi petite ou grande qu’elle soit, de notre vie que le Seigneur ne partage pas avec nous.

Mais la Croix du Christ invite aussi à nous laisser contaminer par cet amour, elle nous enseigne alors à regarder toujours l’autre avec miséricorde et amour, surtout la personne qui souffre, qui a besoin d’aide, qui attend une parole, un geste, la Croix nous invite à sortir de nous-mêmes pour aller à leur rencontre et leur tendre la main. Nous avons vu de nombreux visages dans le Chemin de la Croix, de nombreux visages ont accompagné Jésus dans sa marche vers le Calvaire: Pilate, le Cyrénéen, Marie, les femmes…

Moi, aujourd’hui, je te demande: toi, comme lequel d’entre eux veux-tu être? Veux-tu être Pilate qui n’a pas le courage d’aller à contre-courant pour sauver la vie de Jésus; il s’en lave les mains. Dis-moi: es-tu un de ceux qui se lavent les mains, es-tu celui qui joue l’innocent et regarde de l’autre côté? Ou es-tu comme le Cyrénéen, qui aide Jésus à porter ce bois pesant, comme Marie et les femmes, qui n’ont pas peur d’accompagner Jésus jusqu’au bout, avec amour, avec tendresse. Et toi, comme lequel d’entre eux veux-tu être? Comme Pilate, comme le Cyrénéen, comme Marie? Jésus te regarde en ce moment et te dit: veux-tu m’aider à porter la Croix? Frères et soeurs: toi, avec toute ta force de jeune, qu’est-ce que tu lui réponds?

Chers jeunes, sur la Croix du Christ déposons nos joies, nos souffrances, nos succès; nous y trouverons un Coeur ouvert qui nous comprend, nous pardonne, nous aime et nous demande de porter ce même amour dans notre vie, d’aimer chacun de nos frères et de nos soeurs avec le même amour.

Rencontre avec la classe dirigeante du Brésil, 27 juillet

L’avenir exige aussi une vision humaniste de l’économie et une politique qui réalise toujours plus et mieux la participation des gens, évite les élitismes et déracine la pauvreté. Que personne ne soit privé du nécessaire et que dignité, fraternité et solidarité soient assurées à tous: c’est la route proposée. Déjà au temps du prophète Amos l’avertissement de Dieu était très fréquent: «Ils vendent le juste à prix d’argent et le pauvre pour une paire de sandales… ils écrasent la tête des faibles sur la poussière de la terre et ils font dévier la route des humbles» (2, 6-7). Les cris qui demandent justice continuent aujourd’hui encore.

Veillée de prière avec les jeunes, 27 juillet

Ton coeur, coeur jeune, veut construire un monde meilleur. Je suis les nouvelles du monde et je vois que de nombreux jeunes, en tant de parties du monde, sont sortis sur les routes pour exprimer le désir d’une civilisation plus juste et fraternelle. Les jeunes sur les routes. Ce sont des jeunes qui veulent être protagonistes du changement. S’il vous plaît, ne laissez pas les autres être protagonistes du changement! Vous, vous êtes ceux qui ont l’avenir ! Vous… Par vous l’avenir entre dans le monde. Je vous demande aussi d’être protagonistes de ce changement. Continuez à vaincre l’apathie, en donnant une réponse chrétienne aux inquiétudes sociales et politiques, présentes dans diverses parties du monde. Je vous demande d’être constructeurs du monde, de vous mettre au travail pour un monde meilleur. Chers jeunes, s’il vous plaît, ne regardez pas la vie «du balcon», mettez-vous en elle, Jésus n’est pas resté au balcon, il s’est immergé; ne regardez pas la vie «du balcon», immergez-vous en elle comme l’a fait Jésus.

A la fin de la rencontre avec les jeunes argentins, le Pape François salue ceux qui n’ont pu entrer dans la cathédrale avec un drapeau de l’Argentine.

Messe de clôture, 28 juillet

«Allez, et de toutes les nations faites des disciples». Par ces mots, Jésus s’adresse à chacun de vous en disant: «cela a été beau de participer aux Journées mondiales de la Jeunesse, de vivre la foi avec des jeunes provenant des quatre coins du monde, mais maintenant tu dois aller et transmettre cette expérience aux autres». Jésus t’appelle à être disciple en mission ! Aujourd’hui, à la lumière de la Parole de Dieu que nous avons entendue, que nous dit le Seigneur? Que nous dit le Seigneur? Trois paroles: Allez, sans peur, pour servir.

Cependant attention! Jésus n’a pas dit: si vous voulez, si vous avez le temps, allez, mais il a dit: «Allez, et de toutes les nations faites des disciples». Partager l’expérience de la foi, témoigner la foi, annoncer l’Évangile est le mandat que le Seigneur confie à toute l’Église, et aussi à toi. Mais c’est un commandement, qui ne vient pas d’un désir de domination, d’un désir de pouvoir, mais de la force de l’amour, du fait que Jésus en premier est venu parmi nous et ne nous a pas donné quelque chose de lui, mais il nous a donné lui-même tout entier; il a donné sa vie pour nous sauver et nous montrer l’amour et la miséricorde de Dieu. Jésus ne nous traite pas en esclaves, mais en personnes libres, en amis, en frères; et non seulement il nous envoie, mais il nous accompagne, il est toujours à nos côtés dans cette mission d’amour.

Où nous envoie Jésus? Il n’y a pas de frontières, il n’y a pas de limites: il nous envoie à tous. L’Évangile est pour tous et non pour quelques-uns. Il n’est pas seulement pour ceux qui semblent plus proches, plus réceptifs, plus accueillants. Il est pour tous. N’ayez pas peur d’aller, et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux périphéries existentielles, également à celui qui semble plus loin, plus indifférent. Le Seigneur est à la recherche de tous, il veut que tous sentent la chaleur de sa miséricorde et de son amour.

Pape François
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